Le polyvalent Mathieu Bodmer

Et inscrivant un doublé contre Bordeaux, Mathieu Bodmer s’est rappelé aux bons souvenirs de la France du foot. Retour sur un joueur prometteur, prometteur depuis 4 ans…

Le football d’aujourd’hui demande des joueurs polyvalents. Outre le fait qu’un joueur doit être capable de courir le 100 mètres en moins de 11 secondes et étant une montagne de muscle, la mécanique de précision se doit d’être capable d’évoluer à plusieurs postes (par exemple tous les postes latéraux ou encore tous les postes de l’axe, de la défense centrale à celui de meneur de jeu). Le but à long terme étant de diminuer la masse salariale (pourquoi recruter quatre joueurs spécialistes quand deux peuvent faire leurs boulots par le jeu de la polyvalence et du turn over ?)… C’est selon cette vision du football que Mathieu Bodmer est devenu un footballeur très envié et courtisé.
Né le 22 novembre 1982 à Évreux, le jeune Mathieu tape la balle dans le club du coin avant d’intégrer le centre de formation du Stade Malherbe de Caen en 1998. Il y croise, entre autres, Bernard Mendy et Jérôme Rothen (c’est à se demander pourquoi il n’a pas fini à Paris celui-là…) Beau bébé, il devient défenseur central et dispute tout de même 79 matches avec Malherbe avant de débarquer à Lille en 2003. Pendant quatre saisons sous le maillot du LOSC il ne dispute pas moins de 32 matches par saison. Lors de sa deuxième saison dans le Nord, il découvre la coupe d’Europe : Ligue des Champions et Coupe UEFA.

Là où Puel le fait jouer en meneur de jeu

La saison dernière, Claude Puel (l’entraîneur du LOSC) remarque que ce jeune garçon qui a fini sa croissance, 1m90 pour 91kg, possède une belle petite technique balle au pied et un jeu de tête intéressant pour faire pivot (comme Makoun, mais avec des centimètres lui). Pourquoi se cantonner à le faire jouer en défense centrale ? Au début de la saison, Bodmer se retrouve derrière un ou eux attaquants et devant Makoun et Cabaye. Si l’on s’interroge l’espace de deux ou trois minutes sur les lacunes de l’effectif lillois de mettre un défenseur si avancé, force est de constater que lors de cet exercice 2006-2007 Bodmer (meneur de jeu) réalise la meilleure saison de sa carrière. Inspiré, passeur décisif, apportant sa densité physique au milieu (ainsi que son jeu de tête), remportant de nombreux duels et marquant la bagatelle de 8 buts en championnat, surtout sur la première moitié de saison.
Polyvalent,  buteur et attirant un buzz pas possible sur lui, pas étonnant que nombre de top-team européens (Man Utd, Chelsea, Arsenal, Bayern Munich, Milan AC) cherchent à s’acquérir ses services. Mais, dans sa grande stratégie estivale d’acheter le meilleur joueur du championnat de France à chaque ligne, c’est l’Olympique Lyonnais qui rafle la mise pour la modique somme de 6,5 millions d’euros, la transaction s’intégrant dans le transfert de Kader Keita.

Là où il mûrit

Bodmer sait que son transfert à 6,5 millions d’euros n’est pas gage de titularisation sur la saison, mais compte s’imposer dans « le seul club qui pouvait le faire rester en ligue 1 » et si possible en équipe de France où il est pré-sélectionné l’automne dernier. Supposé jouer au milieu pour pallier au départ de Tiago. Il est mis en concurrence à Toulalan, mais voit clairement que l’ancien nantais sera lus fort sur la saison. Le second coup de mou vient de la blessure de Cris au mois d’août au stadium. Indisponible six mois, Bodmer voit débarquer Cléber Anderson du Benfica Lisbonne et lui piquer 12 matches de Ligue 1 et 5 matchs de ligue des champions aux côtés de Squillaci. Les nerfs ! Mais comme le Brésilien est mauvais, oblige Squillaci a jouer les pompiers de services et Vercoutre à se révéler comme un super gardien de but. (En fait !)
Pendant ce temps-là, Mathieu joue un peu partout, remplace Juninho lors de sa blessure et finalement intègre la défense centrale lyonnaise quand Cléber Anderson se blesse et retourne au Brésil.
S’il marque son premier but lyonnais à Bonal face à Sochaux lors de la sixième journée, c’est au match retour (24è journée) qu’il inscrit son premier doublé sur la large, mais trompeuse, victoire 4-1 des gones (après tout Fabrice Pancrate marque un but !).
Retrouvant un peu plus de temps de jeu ces derniers temps (et ceci avec le retour de Cris), Bodmer s’impose de plus en plus dans le collectif lyonnais (quand Källström semble plafonner). Hier soir, face à Bordeaux, il s’est payé un nouveau doublé. Si le premier but de l’ancien lillois (belle frappe du tibia) est à mettre au crédit du bon travail de Fabio Grosso. Le second lui est l’œuvre indéniable d’un joueur doué techniquement, qui sait bénéficier des contres favorables et qui a exécuté, de l’entrée de la surface de réparation de Ramé, un ciseau de face (appelé aussi Talal El Karkouri à l’envers) que je n’avais pas vu depuis le but de Steve Mc Mamanam de la finale de ligue des champions Real Madrid – Valence (3-0).
Trop jeune pour l’Euro 2008 ? Certainement, mais Raymond Domenech nous a habitué aux surprises avec Pascal Chimbonda en 2006. Sa polyvalence plaide pour lui. Néanmoins, il fait partie de cette génération de joueur né dans les 80’s sur lequel devra compter l’équipe de France au lendemain de l’Euro.
Sinon pour se rendre compte du personnage et de son « professionnalisme » à toute épreuve, sachez qu’il a racheté sa dernière année de contrat avec Caen pour pouvoir s’engager libre avec le LOSC (alors que  Patrick Rémy le fait jouer en CFA). Il avait alors 16 ans.

Un petit best of  Bodmer sur DM