Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rigolons un peu avec le sport
Rigolons un peu avec le sport
Archives
22 février 2008

Affaire Ouaddou : l’aveu de faiblesse.

joueur_marocain_valenciennes_addeslam_ouaddou_16_fevrier_200_31Les insultes racistes qu’Abdeslam Ouaddou a pris pour lui avec sa réaction et surtout celles de la France bien pensante qui en ont découlés ne font que confirmer ce qui paraît évident: Au quotidien, rien n’est fait pour endiguer le « problème ». Par contre les communications tournent à plein régime.

Une fois de plus les commentaires de tout bord (professionnels ou non) se sont rangés derrière la terminologie habituelle du « pseudo supporter » qui « n’a pas sa place dans un stade ». Nous voilà bien avancés quand même !
Car si Ouaddou a réagi en tant qu’homme doué d’une sensibilité et d’un ego, ce n’est pas vraiment ce qu’on demande, hypocritement, à un joueur de football. Capitaine, qui plus est.

En allant lui-même au contact du supporter messin qui vociférait dans sa direction des propos racistes (selon un document de l’Équipe TV , les insultes étaient destinées au joueur de Metz Babacar Gueye, mais ça ne change pas grand-chose au dossier), Ouaddou ne s’est plus comporté comme un joueur de football, mais comme n’importe qui. Et l’hypocrisie est bien là. À ce titre l’arbitre, Damien Ledentu, fait bien de lui mettre un carton jaune, puisqu’il ne se comporte plus comme un footballeur. Ce qui est moins normal c’est que ce dernier ait ignoré les réclamations des joueurs durant la première période du match comme l’indique Ouaddou dans son interview à l’Équipe : « Lors d'un arrêt de jeu, j'ai signalé à l'arbitre que des insultes racistes venaient d'une tribune. On voit sur des images de la télévision que je lui montre avec le doigt ce coin de tribune. M. Ledentu m'a juste dit de rester concentré sur mon match... Et José Saez, mon coéquipier, le lui a également signifié à deux reprises en quelques secondes. Je demandais seulement à l'arbitre de m'écouter, afin qu'il prévienne le délégué pour qu'une décision soit prise. Pas celle d'arrêter le match, mais au moins d'évacuer cette ou ces personnes du stade ». Ce qui a, semble-t-il, été fait durant la mi-temps.

Et encore un procès à l’arbitrage :

ouaddouS’en est suivi un week-end d’attaques contre l’arbitrage de Ledentu, qui, à défaut d’avoir été intelligent, a au moins suivis les règles. Je m’explique. Histoire de se dédouaner au plus vite, la Ligue Professionnelle de Football a très vite diffusé nombre de communiqués aux différentes rédactions, trusté les journaux de 20 heures et mis en home de son site, le texte de règlement qui indique ce que doit faire un arbitre en pareille situation :

« S’agissant de banderoles, elles doivent êtres obligatoirement retirés par les services de la sécurité (Directeur de l’organisation et de la sécurité et ses services)
S’agissant de manifestations sonores racistes provenant d’un groupe restreint, les individus devront être « gérés » par les services de sécurité (retour au calme ou expulsion)
S’agissant de manifestations sonores racistes d’un plus grand nombre, en liaison avec les Directeurs de l’organisation et de la sécurité, un message de prévention (contenu à définir par les Directeurs de l’organisation et de la sécurité) validé par la CNMSA est lu par le speaker pour mettre en garde le public visé.
Si les directives sont suivies d’effet, la rencontre se poursuit normalement sans interruption du jeu.
Après un certain temps marquant une volonté délibérée de la part des contrevenants de ne pas respecter les directives données, le délégué principal demande alors à l’arbitre l’interruption du match.
Un message d’information est alors lu par le speaker pour avertir le public des motifs de l’interruption du match ».

On remarque donc que la LFP met davantage les services de sécurité en avant que l’arbitre qui n’intervient que dans cas extrême, cela semble implicitement dit. À l’heure où l’on loue volontiers les stades ultramodernes et les dizaines de caméras qui nous fliquent en tribune sans compter les différents agents de sécurité, des RG ou de police qui rôdent dans les tribunes dîtes à risques, la LFP fait donc appel à ces professionnels du maintien de l’ordre plutôt qu’à un arbitre. Ce dernier est surtout payé pour surveiller les 22 joueurs et éventuellement les bancs de touche quand le quatrième arbitre discute de trop avec le délégué qui ne sert à rien d’autre que prendre note de ce qui se passe.

Frédéric Thiriez, le patron de la LFP en a remis une couche chez Pujadas déclarant que « face à des comportements absolument inadmissibles, la seule réponse est la plus extrême fermeté dans la répression. On ne veut plus de ces individus racistes ou violents dans nos stades ». Ce qui revient à prendre la parole sur le service public pour dire « non à la guerre » ou « le SIDA, ça craint ». Pour un tableau parfait, il fallait évidemment que le sous-secrétaire d’État aux Sports, Bernard Laporte, aille faire acte de présence aux côtés du joueur sous une forêt de caméras et d’appareils photo crépitant mille flash et déclarer avoir « eu le préfet de Moselle et il va appliquer la sanction de trois mois car il ne peut pas appliquer plus », mais « le sport et qui plus est le monde professionne l » ne doit « pas laisser passer ce genre de comportement ». Car dans la grande habitude de la real politique (car l’affaire est devenu politique), l’on a demandé à faire du supporter messin un exemple en lui appliquant une interdiction de stade d’un an, quand le texte dit trois mois.

Agir au lieu de réagir

laporteDébats démagogues (voire populistes), café du commerce et conclusions définitives. On sous-entend à longueur d’apéro qu’un supporter n’est pas raciste ou n’est pas un supporter. Sans s’en rendre compte, on aurait tendance à idéaliser les tribunes comme s’il n’y pouvait pas y avoir ni plus, ni moins qu’abrutis qu’ailleurs. Bonne morale oblige (dont il est question du retour à l’école), oser dire qu’il y a des racistes dans tous les stades du monde relève de la collaboration éhontée. Pourtant il suffirait de croiser toute bonne étude sur le sujet pour se dire qu’environ 30% des Français seraient racistes (dont celle de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, dite CNCDH). Mais aucun dans les stades !

La vraie question en appelle bien plus que des interdictions de stades pour un an ou même plus. Le racisme est un phénomène social pandémique. Que faisons-nous (citoyens, État, entreprises, législateurs…) au quotidien pour lutter contre le racisme ? Pourquoi le racisme serait le seul problème des stades et donc de seulement les clubs, supporters, police, commentateurs sportifs (hautement qualifiés en études sociologiques selon les théories des cafetiers Marcel et Roger) ?

0708_tShirt_RacismeUne fois de plus, les divers responsables politiques et publics dans cette affaire se seront vite dédouanés en priant de renforcer encore plus la répression au détriment de la prévention. Mais que sera-t-il fait d’ici trois mois ? Trois ans ? Quand Metz sera officiellement en Ligue 2 et l’histoire oubliée ? Mais pas les racistes…

Histoire de marquer le coup, la LFP (à l’initiative de l’UNFP, demandent aux joueurs de L1 et L2 d’arborer ce week-end un t-shirt : « Racisme… Plus jamais ça ! » comme c’est mignon ! De là à dire que de cette affaire il ne restera qu'un t-shirt...

Publicité
Commentaires
Rigolons un peu avec le sport
  • "Il y a un grand ménage à faire au sein de la fédération et c'est aux supporters de faire ça." Lionel Luca, député UMP, vient de rendre compte que le mouvement ultra, finalement, c'est utile.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité