Voodoo & compagnie

Après le match de Sofia où l’on a lamentablement perdu, le coach nous a mis au vert pour préparer le déplacement au PSG. On pensait tous aller dans un charmant relais-château pas loin de Deauville, on en aurait profité pour aller faire perdre de l’argent à Olivier Thomert au Casino, bref cultiver l’entente dans l’équipe. Bah non, pas du tout ! On s’est retrouvé dans un vieil hôtel 3 étoiles sur la bordure du périphérique de Rennes. L’espace d’un instant, je me demandais si c’était pas ça l’ambition rennaise… Un club trois étoiles !
Suis allé en toucher deux mots au coach, en même temps que vérifier que j’aurai bien ma chambre à moi tout seul eu égard au pari gagné contre Metz (voir épisode précédent), et c’est là que je me suis rendu compte que le coach s’était vraiment foutu de ma gueule. « Non, en fait on ne peut pas faire autrement, je t’ai mis avec Leroy ». J’ai demandé si c’était une blague et Dréossi m’a répondu que si j’insistai, il me collerait avec Briand… Ça doit être ça de marcher sur les œufs de Bretagne.

Jérôme Leroy, il me fait super peur. Dans le métier, il traîne une vieille rumeur comme quoi il serait mi-homme, mi-démon. Personne n’a jamais compris comment il faisait pour rester debout pendant une heure et demie du haut de ses 70 kilos tout mouillés pour presque 1m90. Les légendes les plus folles court à son sujet. Un jour Didot m’a juré l’avoir vu voltiger dans sa chambre lors d’une mise au vert en début de saison et qu’il se prépare des cocktails à base de sang de chauve-souris, de rats d’égouts d’Oulan-Bator et crotales mexicain. Une vieille recette transmise par Luis Fernandez qui la tenait du sorcier voodoo de sa cité des Minguettes. Il paraît même qu’au PSG il a envoûté l’autre Leroy de l’époque : Laurent.
J’arrive dans la chambre, et voilà Jérôme qui m’accueille avec un grand sourire « hé mon pote installe toi, on va jouer à la Wii ! ». Je me méfis, je me dis qu’il est en rade de crotale et qu’il va me demander de lui lâcher un œil pour le dépanner… Même pas.

Au tour d’une partie de Super Mario Galaxy, je lui  demande ce que ça lui fait de retourner au Parc des Princes.
« Tu sais moi j’attends que ça pendant toute l’année, aller au Parc  pour coller mon but !»
Je suis sur le cul : « Attends tu marques des buts des fois toi ? »
« Oui deux par an » Un à Paris, l’autre à Marseille. Enfin j’essaye. C’est pour ça que j’ai souvent fait l’aller-retour entre les deux clubs. Sinon à moins de faire un csc c’est pas évident.
« La fameuse théorie de l’ancien joueur qui marque contre son ancienne équipe ? »
« Rigoles pas avec ça, c’est une malédiction très sérieuse… »
Son regard devient sombre, j’ai peur. Je décide d’aller me mettre au lit… Priant pour ne pas faire de cauchemar.

Samedi après-midi, on arrive à Paris. J’ai l’impression que mes potes ont mis un GS dans mon téléphone, il n’arrête pas de sonner. On me propose d’aller faire la fête après la défaite. La défaite de Paris ou celle du XV de France au juste ? j’comprends pas tout…
Le match a commencé, je touche pas un ballon, par contre Jérôme, il tripote quelques-uns, je le décale sur le côté droit, il fume Camara avec son appel et embarque Armand dans son dos, rentre dans la surface et pique son ballon au-dessus de Landreau. J’en reviens pas, où est-ce qu’il a trouvé le temps pour absorber sa potion ?
Sinon, j’en ai profité pour marquer mon premier but avec Rennes. Une passe de Briand… Les boules, il a fallu que je vienne lui faire un câlin pour le remercier de l’offrande. J’ai vu Dréossi sur son banc de touche, il était mort de rire. Certainement comme Borelli qui, de son fauteuil VIP au-dessus du stade, a eu la meilleure place pour se dire que le Parc devenait vraiment une maison de passe. C’est d’ailleurs là où l'on a fini pour fêter la victoire. Nous aussi on a plaqué quelques blacks !

L’antiwiltord est une parodie de journal intime de footballeur et n’a pas pour but de nuire à qui que ce soit, mais plutôt de rire des stéréotypes du football.